Embêter les gens n’est pas un droit

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En démocratie, le droit de manifester est un droit fondamental. Quand 500 000 personnes ont défilé dans les rues de Montréal avec Greta Thunberg, l’événement a été salué par presque tous. Autant de personnes réunies dans une même ville pour la défense de l’environnement manifesant de manière pacifique et bon enfant, c’était remarquable.

Par contre, quand trois personnes décident de provoquer la fermeture d’un pont à l’heure de pointe et d’écœurer des dizaines de milliers de personnes, c’est assez rare. Comme tous le savent, les droits fondamentaux des uns s’arrêtent là où ceux des autres commencent. Je sais que ça fait cliché, mais c’est une convention dans les sociétés civilisées.

Syndrome de Stockholm

Dans le cas de Greta Thunberg, on avait pris soin de bien informer la population que des rues seraient bloquées et que les déplacements allaient être difficiles. Des manifestations organisées de cette manière contribuent grandement à rallier les gens à une cause, car elles permettent le dialogue et la réflexion. C’est participatif et oui, ça peut aussi embêter trois personnes. Mais dans la balance des avantages et des inconvénients, un message fort a été transmis, dans la saine planification et dans le respect.

Enlever une personne et la garder en otage est un acte criminel. Prendre des dizaines de milliers de personnes en otage dans le trafic matinal n’est guère mieux. Y a-t-il quelqu’un quelque part qui pense une seule petite minute que tout ce beau monde allait présenter le syndrome de Stockholm à l’unisson?

Quand on défend une cause, on cherche aussi souvent à convaincre les gens de la justesse de celle-ci. Comme dans tout, il y a ceux qui empruntent la voie de la raison pour agir. C’est le même principe directeur voulant qu’en matière d’environnement, chaque petit geste compte. Par analogie, nous pouvons dire qu’en matière de manifestation, les alliés se gagnent un à la fois.

Dogmatisme

Mais certains trépignent d’impatience et préfèrent taper du pied. Ils imposent leur dogmatisme par des gestes d’éclat : escalader la tour du CN; bloquer des routes; grimper sur le pont Jacques-Cartier à l’heure de pointe matinale. Au final, à part se mettre à dos la très grande majorité de la population, ces actions n’impressionnent personne et n’aboutissent à rien.

Dans le trafic, le 8 octobre, il y avait des dizaines de milliers de personnes qui vaquaient à leurs occupations. La plupart se rendaient au travail, d’autres se dirigeaient vers des établissements d’enseignement. Plusieurs allaient recevoir ou donner des soins. Bref, tout ce que font les citoyens d’une société libre et démocratique.

Dans les grandes comme dans les petites villes, les ponts sont des infrastructures névralgiques. Un pont, ça sert à franchir des obstacles. C’est aussi un lien qui unifie les communautés en favorisant les déplacements. Un pont, ça favorise les approvisionnements de biens et services pour les populations. Clairement, quand on  force la fermeture d’un pont, on s’attaque aux droits et libertés des communautés riveraines et des personnes qui y habitent, qui y travaillent ou qui y transitent.

Harcèlement et intimidation de masse

Il n’y a aucune raison qui justifie les événements du 8 octobre sur le pont Jacques-Cartier. Pourtant, certains affirment qu’écœurer le peuple, c’est faire œuvre utile. Ce doit être vrai, Luc Ferrandez l’a dit sur le plateau de Tout le monde en parle. On prétendra aussi que la seule façon de réduire les émissions de gaz à effet de serre, c’est de déranger le peuple. Misère.

Comme dans tout mouvement de masse, les extrêmes existent. En général, ce sont ces extrémistes qui alimentent et provoquent les dérapages, car il y a toujours un moment où les excès des uns ne valent pas mieux que les excès que l’on dénonce. 

L’intimidation de masse, les prises d’otage collectives et le harcèlement populaire, c’est inacceptable, point. À cet égard, le terrorisme vert n’est pas plus efficace que le terrorisme politique ou religieux. S’approprier la liberté des autres est un acte profondément égoïste, mesquin, socialement nuisible et légalement répréhensible. C’est pourquoi les tribunaux existent et souhaitons que ceux-ci agiront avec célérité.

Moi j’connais une chanson

J’ai eu des petits neveux et des petites nièces qui, plus jeunes, avaient une manière bien personnelle de me soutirer quelques dollars. Ils se plantaient devant moi et chantaient une chanson. Du terrorisme musical. Je suis convaincu que je n’ai pas été la seule victime de cette tactique d’extorsion. La vidéo ci-jointe permet d’apprécier la portée de ce harcèlement éhonté. Si vous écoutez jusqu’à la fin, je vous lève mon chapeau.

C’est sûr que pour obtenir un peu d’argent, une prestation artistique infantile peut faire le travail. C’est juste « cute ». En vieillissant, ces petits enfants-rois sont devenus moins gossants. Pour la plupart, ils ont compris que dans la vie, il ne faut pas toujours se fier aux autres pour obtenir ce que l’on veut. Ils ont aussi compris que ce n’est pas en écœurant le peuple qu’on récolte de la sympathie. Mais certains ont conservé leur comportement puéril.

« Moi j’connais une manif, pour écœurer le monde, moi j’connais une manif, pour écœurer les gens… »

Un commentaire

  1. Tout à fait d’accord avec vous! Il y a sûrement autre chose à faire plus efficace que prendre la population en otage pour changer les choses!

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